Pierre Goubert, né le 25 janvier 1915 à Saumur (Maine-et-Loire) et mort le 16 janvier 2012 à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) à l'âge de 96 ans, est un historien français,
spécialiste des XVIIe siècle et XVIIIe siècle.
Pierre Goubert entre à l'École normale d'instituteurs d'Angers en 1931 où il se passionne pour la littérature. Il se définissait à l’époque plus littéraire qu’historien car l’histoire
ne le passionne pas encore. Cependant l’étude des Lettres lui est interdite en raison de son ignorance du Latin et du Grec. Il choisit donc l’Histoire et la Géographie. Fréquemment
indiscipliné et se manifestant par des protestations, notamment contre le chauvinisme français à propos de la Première guerre mondiale qui règne à cette époque en France, il est exclu
de la PMS (Préparation Militaire Supérieure). Durant ses longues retenues dans la bibliothèque, il continue la lecture et commence à apprendre l’anglais. Il intègre en 1935 l'École
normale supérieure de Saint-Cloud qui forme, à cette époque, les professeurs d'École Normale. Il reçoit alors les cours de Marc Bloch, rencontre marquante qui le détermine à choisir
l'histoire comme discipline de recherche. Il confie en 2000 que : « c’est lui, vraiment, qui m’a donné la vocation, lui et les Annales, […] ». À la sortie de ce stage en 1937, Pierre
Goubert enseigne cette dernière matière, ainsi que les Lettres, à l'École Normale de Périgueux.
Mobilisé en 1939 au fort de Saint-Cyr comme instructeur météo, il fait la campagne de France dans la troupe - avec le grade de caporal -, échappe à la captivité et devient professeur
de « collège moderne » au lycée de Pithiviers puis à Beauvais. Ces années de professorat sont aussi celles des études universitaires qu'il n'a pu faire plus tôt. N'étant pas bachelier
- les élèves-instituteurs de l'époque devant obtenir le brevet supérieur - il est cependant autorisé, par dérogation, à préparer la licence qu'il passe, selon ses propres termes, « par
morceaux » et réussit en 1948 l'agrégation d'histoire. Il se lance, aussitôt après, dans la rédaction d'une thèse de doctorat d'État sur le Beauvaisis, région qu'il a retrouvée après
un court séjour comme professeur au lycée Turgot. Il est alors aiguillonné par son premier maître, Augustin Renaudet, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne et directeur de son
DES.
Membre du CNRS depuis 1951, Pierre Goubert est nommé en 1956 directeur d'études de l'EPHE (VIe section), puis deux ans plus tard, obtient un poste de professeur d'histoire moderne à
l'Université de Rennes. Il était d’abord intéressé par l’histoire ancienne mais des connaissances en latin et grec lui font de nouveau défaut.
L’histoire moderne lui vient comme un écho de ses goûts littéraires, la littérature du XVIIe siècle étant celle qu’il préférait. Cette année 1958, il a 43 ans, est celle de la
soutenance de sa thèse (qui sera publiée en 1960), Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730. Ce travail marque une véritable étape historiographique car elle ouvre le chemin,
aujourd'hui presque banal, des recherches de démographie historique inscrites dans un cadre régional. « Véritable jalon historiographique », s’appuyant avant tout sur des documents
locaux de première main, l’historien privilégia le quantitatif et le « sériel ». Pierre Goubert devient ensuite en 1965 Professeur dans la toute nouvelle Université de Paris X-Nanterre.
Il s'y entoure de jeunes assistants de qualité comme Anne Zink ou François Billacois. Il contribua à y faire venir un autre grand historien moderniste : Robert Mandrou.
Nommé à la Sorbonne en 1969, Pierre Goubert présente des conférences dans le monde entier (en Europe mais aussi à Princeton, Montréal, Kingston, au Japon, en Côte d'Ivoire où il est
invité en 1971 à assurer un enseignement d’histoire moderne au niveau de la licence à l’Université d’Abidjan, à Madagascar en 1979 où on lui demande également d’assurer un cours
complet d’histoire moderne en six semaines au niveau de la Licence à l’Université malgache d’Antananarivo) et publie de nombreux ouvrages d'histoire moderne dont certains deviennent
de véritables « best-sellers », phénomène nouveau dans l'édition historique universitaire. Son très célèbre Louis XIV et vingt millions de Français qu'il publie en 1966, sera réédité
en poche en 1979. Cet ouvrage remarquable efface dans l'analyse le Roi-Soleil au profit des sans nom et des sans grade, approche réaliste du long règne de Louis XIV, bien éloignée de
l'histoire classique. Il présente ensuite L'Ancien Régime, qui connait deux éditions (1969 et 1973) avant une large augmentation, en 1984, réalisée avec la collaboration de Daniel
Roche, sous le titre Les Français et l'Ancien Régime. Bien qu'appartenant à l'École historique des Annales, abandonnant pour un temps ses habitudes d'histoire sociale, Pierre Goubert
s'est aussi illustré dans le genre biographique, avec son Mazarin qui a été édité en 1990. Il explique lors d'un entretien en 2000, que dans son œuvre Mazarin, qu’il ne s’agit pas
d’un réel changement de méthode d’écrire l’histoire. Dans cet ouvrage, il ne se concentre pas seulement sur la personne de Mazarin, mais aussi aux hommes d’affaires, ces financiers et
d’autres.
1789 Les Français ont la parole (o) (1964) en collaboration avec Michel DENIS