Zeev Sternhell, né le 10 avril 1935 à Przemyśl, est un historien israélien. Il est lauréat en 2008 du prix Israël pour ses travaux en sciences politiques.
Né dans une famille juive de la Galicie polonaise, le jeune Zeev Sternhell est emmené, muni de faux papiers d'identité, après l'invasion de la Pologne par l'armée allemande et le début
de la Seconde Guerre mondiale, par le mari de la sœur de sa mère (le seul de la famille autorisé à travailler au-dehors du ghetto de Przemysl) à Lvov, dans la partie de la Pologne
occupée par l'Union soviétique. Caché avec l'aide de deux familles locales, il survit à l'occupation allemande et à l'extermination des Juifs de Pologne et d'Ukraine.
Après la fin de la guerre, arrivant en France, il est recueilli par une autre sœur de sa mère. Il fait ses études secondaires au lycée Frédéric-Mistral à Avignon. Zeev Sternhell rejoint
Israël en 1951 dans le cadre de « Aliya des Jeunes », organisation sioniste d'assistance ; il est reçu dans l'internat agricole Magdiel, dans la région du Sharon. En 1957, il commence
ses études d'histoire générale et de sciences politiques à l'université hébraïque de Jérusalem. Diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, il est professeur de science
politique à l'université hébraïque de Jérusalem. Il est connu notamment comme spécialiste de la question de la montée et de la naissance du fascisme, en particulier de ses racines
françaises. Selon lui, Georges Sorel et le cercle Proudhon sont à l'origine du corpus idéologique fasciste.
Au cours des années 1960, il est le directeur de l'université d'Addis Abeba, à la demande de l'empereur éthiopien Haïlé Sélassié.
Un des membres fondateurs du mouvement israélien Shalom Akhchav, Zeev Sternhell participe activement au débat politique en Israël, entre autres par ses contributions à la page « Opinions »
du quotidien israélien Haaretz. Il prend position contre le camp ultra-nationaliste en Israël et la colonisation et prône un compromis de paix avec les Palestiniens, affirmant : « si les
Palestiniens faisaient preuve de plus de clairvoyance, ils concentreraient leurs actions contre les colonies au lieu de s'en prendre à des femmes et des enfants. »
Le jeudi 25 septembre 2008, il est « légèrement blessé, par un engin explosif devant chez lui. » « La police dit soupçonner les milieux ultra-nationalistes israéliens d'être responsables
de l'agression. » Jack Teitel avoue être l'auteur de cet attentat. En février 2018, dans une tribune au Monde, il compare le sort des juifs avant la guerre et celui des Palestiniens
aujourd'hui. Il affirme : « En Israël pousse un racisme proche du nazisme à ses débuts. »
Zeev Sternhell a essentiellement travaillé sur les origines et la formation de l'idéologie fasciste, irréductible selon lui à la période de l'entre deux guerres, et qui trouve ses
racines historiques dans la France de la fin du XIXe siècle. En effet à partir de 1885, la confluence idéologique d'une partie de la droite nationaliste et de la gauche autour du thème
de l'anti-parlementarisme va aboutir, notamment à travers la matrice que constitue le boulangisme, à l'élaboration progressive de la « synthèse fasciste ». Celle-ci se caractérise
essentiellement par un double rejet du libéralisme et du marxisme, auxquels elle prétend substituer une « troisième voie », élaborée par des penseurs comme le socialiste Georges Sorel.
Les résultats de ses recherches sur l'origine et la nature du fascisme sont controversés. La plupart des historiens et des spécialistes de l'œuvre de Barrès ont contesté l'approche de
Zeev Sternhell sur le fascisme français.
Pierre Milza tout en reconnaissant qu'« il y a eu sans aucun doute un fascisme français, qui n'a pas toujours pris la forme de ses homologues italien et allemand mais qui a occupé, dans
l'espace politique et culturel de l'hexagone, une place plus grande que ne voulaient bien lui concéder jusqu'à une date récente les plus éminents spécialistes du XXe siècle français »,
critique Sternhell qui selon lui « voit du “fascisme” partout où il y a critique virulente de la république parlementaire, version IIIe finissante, un pas que l'examen attentif des faits
interdit de franchir. » Cependant, pour Stanley Payne, « Zeev Sternhell a démontré de manière concluante que la quasi-totalité des idées du fascisme sont apparues en France » et George
L. Mosse écrit dans La Révolution fasciste : « Il y eut ainsi des mouvements nationaux-socialistes primitifs en France (qui réunissaient d’anciens dirigeants de la Commune de Paris aux
traditions jacobines, mais aussi quelques anarchistes et bourgeois bien-pensants). »
Maurice Barrès et le nationalisme français (o) (1972)
La droite révolutionnaire - Les oigines françaises du fascisme (1885-1914) (o) (1978)