Madeleine Rebérioux, née Amoudruz le 8 septembre 1920 à Chambéry (Savoie) et morte à Paris le 7 février 2005, est une historienne française spécialiste de la IIIe République.
Elle obtint en 1937 le premier prix d'histoire au concours général. En 1943, son frère, François Amoudruz, et son beau-frère, Serge Fischer, sont déportés pour actes de Résistance.
Le 10 août 1946, elle épouse Jean Rebérioux avec lequel elle a quatre enfants, dont Vincent Rebérioux, né le 1er juillet 1954, vice-président de la Ligue des droits de l'homme.
Elle est premier prix d'histoire au concours général (et première femme à obtenir ce premier prix), élève de l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres (quatrième admise),
agrégée (première admise) d'histoire et docteur ès-lettres et sciences humaines avec une thèse (sur travaux) concernant Jaurès, la SFIO et la société française au tournant du siècle.
Peu après la Libération, en 1946, elle devient membre du Parti communiste, pour lequel elle est conseillère municipale de Mulhouse de 1948 à 1950. En 1957, elle anime le Comité de
défense des libertés contre la guerre d'Algérie. En 1958, elle rejoint le comité Maurice Audin, créé l'année précédente. En mai 1960, elle devient membre du comité de rédaction de
Vérité-Liberté, créé pour contourner la censure d’État sur la guerre d'Algérie. Son engagement anticolonialiste se poursuit en tant que membre active du comité pour la défense des
libertés en Algérie. Elle signe en 1960 le Manifeste des 121, pétition signée par nombres d'intellectuels de l'époque, et proteste contre les ratonnades du 17 octobre 1961. De 1965 à
1969, elle est responsable du collectif universitaire intersyndical contre la guerre du Viêt Nam ; de 1971 à 1975, elle devient responsable du Front Solidarité Indochine. En 1969, elle
est exclue du PCF pour avoir participé à la revue d'extrême-gauche Politique aujourd'hui.
Sur le plan universitaire, de 1945 à 1961, elle enseigne dans le secondaire à Mulhouse, puis Montgeron et Saint-Maur-des-Fossés, au lycée Marcelin-Berthelot. De 1962 à 1969, elle est
assistante, puis maître-assistante à la Sorbonne, ensuite elle devient professeur à l'université de Vincennes, qu'elle a contribué à créer. C'est à Vincennes qu'elle crée avec Madame de
Gaudemar la première formation des documentalistes pour les centres de documentation et d’information des établissements secondaires (CDI). À partir de 1978, elle enseigne à l'École des
hautes études en sciences sociales. Elle est vice-présidente de l'établissement public en vue de la création du musée d'Orsay de 1981 à 1988.
Entrée à son comité central en 1964, elle est la première femme à présider la Ligue des droits de l'homme de 1991 à 1995. Lors du congrès d'Aubervilliers en 1993, elle met la
« citoyenneté sociale » au cœur des débats. Cette année-là, elle préside la conférence de presse du lancement d'Agir ensemble contre le chômage (AC!). Bien après son mandat de
présidente, elle reste une très active militante de la Ligue et sa présidente d'honneur.
La République radicale ? (1898-1914) (o) (1975)