Robert O. PAXTON

Robert O. PAXTON

Né en juin 1932 dans une famille bourgeoise de Lexington (Virginie), petite ville où se trouve l'institut militaire de l'État, Robert Owen Paxton visite Paris pour la première fois en 1950, à l'occasion d'un voyage familial. Il étudie ensuite l'histoire à la Washington and Lee University puis à Oxford et à Harvard. Il s'installe à Paris en 1960 pour faire sa thèse sur la formation des officiers français, mais oriente finalement son travail de thèse sur l'étude de l'Armée de l'armistice. C'est à ce moment qu'en consultant les archives allemandes, il constate qu'elles divergent de l’Histoire de Vichy publiée en 1954 par Robert Aron qui le reçoit à l'époque, lui remet ses documents et lui permet de rencontrer Henri Noguères, afin qu'il puisse consulter les archives de son père, Louis Noguères, ancien président de la Haute Cour de justice. Robert Aron avait presque exclusivement travaillé à partir de documents de la Haute Cour de justice, sans tenir compte de ce que les accusés cherchaient avant tout à se défendre, et les procureurs à démontrer que tel article du Code pénal avait été violé, le souci de la vérité historique n'y gagnant guère.
En 1966, Paxton publie sa thèse Parades and Politics at Vichy. The French Officer Corps under Maréchal Pétain (Princeton University Press) et devient professeur à l'université de Columbia, à New York. En 1972, il publie le livre qui le rendra célèbre : Vichy France: Old Guard and New Order, traduit en français en 1973 sous le titre La France de Vichy. Les thèses développées dans ce livre sont notamment étayées par les archives allemandes saisies par les autorités américaines. Il met alors en avant au travers de cet ouvrage la participation du gouvernement français à la déportation des Juifs. Il reprend également les travaux de l'historien allemand Eberhard Jäckel sur la politique hitlérienne à l'égard de la France (Frankreich in Hitlers Europa – Die deutsche Frankreichpolitik im Zweiten Weltkrieg, paru en 1966 ; traduit en français en 1968 sous le titre : La France dans l'Europe de Hitler. La traduction en 1973 de son ouvrage La France de Vichy marque une rupture souvent considérée comme décisive dans l'historiographie de la France sous l'Occupation. Dans sa préface, Stanley Hoffmann soutient que « sur deux points capitaux, l'apport de Paxton est révolutionnaire » : il n'y a pas eu double jeu de la part de Vichy, et le régime n'a pas joué l'effet de « bouclier » en épargnant certaines souffrances aux Français. Plus tard, les historiens Henry Rousso et Jean-Pierre Azéma opposeront Paxton à Robert Aron dont l'ouvrage l’Histoire de Vichy a connu un succès certain entre sa parution et la fin des années 1970. Selon Rousso et Azéma, Aron aurait défendu l'idée que Pétain, le « bouclier des Français », aurait su jouer double jeu avec Hitler. Ces historiens mettent notamment l'accent sur une petite partie de la conclusion de Robert Aron :
« Le dernier fait consiste en l’équivoque que Vichy a créée dans l’opinion publique française et dont toutes les conséquences ne sont pas encore apaisées. Si l’on juge d'après les déclarations officielles du Maréchal, de Darlan, ou de Laval, Vichy, à partir du renvoi de P.E Flandin, joue le jeu de l'occupant et s’aligne peu à peu sur la politique de l'Axe. En réalité, négociations secrètes, télégrammes clandestins, mesures dilatoires, toutes impossibles à percevoir par l’opinion, ne cessent de réduire la collaboration proclamée. Mais cela les Français ne pouvaient pas le savoir. »
Paxton bouleverse la lecture de l'histoire du régime de Vichy en affirmant que le gouvernement de Vichy a non seulement collaboré en devançant les ordres allemands : il a aussi voulu s'associer à l'« ordre nouveau » des nazis avec son projet de Révolution nationale.

Bibliographie

La France de Vichy (1940-1944) (o) (1973)

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