Annie Kriegel, née Annie Becker le 9 septembre 1926 à Paris (11e arrondissement) et morte le 26 août 1995 à Paris, est une historienne française. Issue d’une famille juive d'Alsace-Lorraine1
qui s'était installée à Paris et sœur de l'historien Jean-Jacques Becker, elle épouse en premières noces le philosophe Guy Besse, puis Arthur Kriegel, frère de Maurice Kriegel-Valrimont,
mariage duquel naissent deux fils (Maurice, Emmanuel) et trois filles (Danièle, Irène, Bérénice). Militante du PCF durant sa jeunesse, Annie Kriegel change progressivement d’orientation
politique après les évènements de 1956. Devenue ensuite éditorialiste au Figaro, elle porte un regard de plus en plus critique sur le passé du communisme français.
À seize ans en 1942, Annie Becker s'engage dans la Résistance en rejoignant la Jeunesse communiste de la Main d'œuvre immigrée (MOI). À la Libération, normalienne (Sèvres), elle
s'investit dans l'activité menée par les étudiants communistes au Quartier latin. Elle adhère à 19 ans au Parti communiste français (PCF) en octobre 19454 et prend part aux activités du
mouvement de la jeunesse communiste au sein de l'Union de la jeunesse féminine de France (UJFF), section féminine de l'UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France).
Menées parallèlement à son activisme politique, les études qu'elle avait reprises en 1945 la mènent jusqu'à l'agrégation. Professeure d'histoire-géographie, elle exerce peu en raison
de sa vie familiale et d'un militantisme qui en fait, sans qu'elle le soit statutairement, une permanente du PCF. En 1951, à sa demande, elle devient permanente appointée de la
fédération de la Seine du PCF. Elle exerce ses fonctions de permanente du parti jusqu'en 1954. Elle fait partie du comité de rédaction de l'organe éditorial s'adressant aux
intellectuels, La Nouvelle critique, sous-titrée Revue du marxisme militant. Le nom d'Annie Besse y apparaît jusqu'à la fin de l'année 1957. Elle y publie 15 articles « entre mars 1950
et novembre 1955 ». Dans ce secteur d'activité, elle déploie un militantisme certain, qu'elle ne cache pas dans l'ouvrage autobiographique qu'elle publie quarante ans plus tard, Ce que
j'ai cru comprendre.
Elle prend ensuite ses distances, avant de quitter le parti en 1957, à la suite des révélations sur le stalinisme (déstalinisation). En novembre 1957, elle est exclue du comité de
rédaction de La Nouvelle critique. Après s'être ralliée au général De Gaulle en mai 1958, elle est devenue dans les années 1970 chroniqueuse au Figaro.
Par la suite, elle consacre son travail à l'histoire du communisme, dont elle devient l'une des critiques les plus acerbes. Dans les années 1970, ses travaux sur la naissance du PCF
font partie des premières recherches sur ce sujet délicat : ce segment de l'histoire devient un champ de recherche à part entière. En 1982, elle fonde avec Stéphane Courtois la revue
Communisme. Son travail sur le communisme a été salué par ses pairs, dont l'historien Robert O. Paxton, qui déclare lors de la publication de la version anglaise de son ouvrage sur le
Parti communiste : « C'est le travail le plus convaincant qui ait été écrit sur le parti communiste français et peut-être sur n'importe quel parti communiste occidental ».
Aux origines du communisme français (o) (1969)