Raoul Girardet, né le 6 octobre 1917 et mort le 18 septembre 2013, est un historien français spécialiste des sociétés militaires et du nationalisme français.
Agrégé d'histoire et docteur ès lettres, Raoul Girardet fut professeur à l'université de Paris, à l'Institut d'études politiques de Paris — avec entre autres pour élèves Laurent Fabius
et Jean-Pierre Chevènement —, à l'École nationale d'administration (ENA), l'École spéciale militaire de Saint-Cyr et à l'École polytechnique.
Raul Girardet venait d'une famille de militaires de carrière, patriotes et républicains. Sa jeunesse est marquée par un engagement dans l'Action française. Les ligues nationalistes se
présentent alors « comme une forme de contestation à l'égard de l'ordre établi, de rupture, de refus et de subversion » extrêmement séduisante pour un adolescent. Girardet est également
sensible au romantisme de l'action révolutionnaire dirigée contre l'ennemi héréditaire allemand. Le rayonnement de Charles Maurras, le prestige de l'Action française expliquent le choix
particulier de cette ligue, bien plus qu'une adhésion totale aux thèses de Maurras. Outre les diverses actions menées en tant que Camelot du Roi, l'Action française est pour Girardet
l'occasion de se créer un tissu de relations, qu'il ne reniera pas, et de se faire de solides amis avec qui il partagera parfois ses engagements futurs. Il quitte toutefois le mouvement
au début de la guerre, écœuré par l'antisémitisme et la collaboration.
Il entre alors dans la Résistance. Si Girardet éprouve quelques difficultés à se détacher de la personnalité tant vénérée du maréchal Pétain, héros de la Première Guerre mondiale, son
indignation devant l'armistice est immédiate. Il se sent alors plus proche du général Giraud que de De Gaulle et avoue avoir eu une préférence pour un engagement dans l'armée britannique
plutôt que dans les troupes gaullistes. Il sert la Résistance par un grand nombre de petites actions quotidiennes et cependant dangereuses (boîte aux lettres, transport de messages, etc.),
qui lui valent finalement d'être arrêté par la Gestapo en 1944 et d'être interné à la prison de Fresnes durant six mois puis au camp de Compiègne, mais il échappe de peu à la déportation.
Il recevra la Croix de guerre 1939-1945.
À partir de 1955, il écrit dans l'hebdomadaire royaliste de Pierre Boutang La Nation française sous le pseudonyme de Philippe Méry. Ses articles spécialisés dans les questions militaires
font de lui une « référence et même une sorte de conscience pour les officiers de l'armée d'Algérie ». La troisième grande aventure de Girardet est son engagement dans la guerre d'Algérie,
où les velléités d'abandon que montra de Gaulle dès son allocution sur l'autodétermination, le 16 septembre 1959, poussaient Girardet à adopter un antigaullisme féroce. Pensant qu'un
abandon de l'Algérie équivaudrait à un nouvel armistice, ou tout simplement incapable de reconnaître les propres torts de la France, Girardet est déçu par l'attitude du général de
Gaulle. À la suite du Manifeste des 121 publié le 5 septembre 1960 dans Les Temps modernes appelant les appelés du contingent à l'insoumission, est rédigé un manifeste des intellectuels
français réaffirmant « la mission civilisatrice de l'armée en Algérie. Contre les professeurs de trahison ». Raoul Girardet fait partie des signataires aux côtés de Jacques Perret, de
Jacques Laurent, de Roger Nimier, de François Natter, d'Henri Massis ou encore de Jules Monnerot. Il quitte La Nation française, trop gaulliste à ses yeux, et écrit des articles
pro-OAS qu'il publie dans L'Esprit Public – où il est corédacteur en chef avec Roland Laudenbach –, journal très radical qui va jusqu'à comparer de Gaulle à Hitler. Girardet participe
à l'OAS en métropole puisqu'il prend part à la branche « Action politique et propagande » aux côtés de ces mêmes universitaires (François Bluche, Jules Monnerot, le patron des éditions
de la Table ronde, Roland Laudenbach) et les écrivains Jacques Laurent et Jacques Perret. La revue L'Esprit public, lancée en décembre 1960 par Philippe Héduy et Hubert Bassot, est
d'ailleurs la « façade publique de l'OAS ». Ces activités militantes lui vaudront d'être arrêté et incarcéré au début de septembre 1961 pour « provocation de militaires à la désobéissance1».
Le procès s'achève sur un non-lieu.
Ces trois engagements reflètent, pour lui, son attachement à certaines valeurs, patriotisme et tradition. Les origines et les combats de Girardet expliquent en grande partie les
centres d'intérêts autour desquels se concentre son œuvre : la question militaire, le nationalisme, le colonialisme, l'histoire des idées politiques. Ce sont ces thèmes que l'on
retrouve essentiellement dans sa bibliographie et dans les participations qu'il a pu apporter à divers ouvrages collectifs.
L'idée coloniale en France de 1871 à 1962 (o) (1979)
La nationalisme français - Anthologie (1871-1914) (o) (1983)
L'Armée est-elle de droite ? (o) (1995) in La droite depuis 1789